lundi 26 mars 2012

Harar (février 2012)

Nous poursuivons notre voyage vers Harar.


L'ambiance change. Ici on sent un petit goût d'Arabie. Il y a plus de cent mosquées dans la ville. Notre guide prétend que les Hararis sont très riches du négoce ancestral avec les voisins arabes, notamment du commerce du kat, cette plante psychotrope qu'on mâche pendant des heures entre amis.


Mais c'est surtout la misère qui nous saute aux yeux. Mendiants affalés au sol des rues pisseuses, jeunes en haillons, femmes édentées...où sont les riches Hararis possesseurs de maisons réputées pour leur beauté ?


Nous logeons dans l'une d'entre elles, et au bout de quelques mètres dans des dédales de rues étroites, nous entrons dans une maison typique.


Les Hararis ne pratiquent pas la pudeur quant à leur richesse. Bien au contraire, tout doit être affiché et en cas de deuil, on a la fierté de ne pas emprunter de plats aux voisins.

On voit des corbeille multicolores en osier et des plats émaillés originaires de l'ancienne Tchécoslovaquie.

Une porte en bois d'origine indienne

Harar est resté longtemps un sultanat indépendant, il ne fait  que depuis peu partie de l'Ethiopie, c'est pourquoi on cultive ici sa différence : langue, architecture, couleurs...

Les murs sont peints 

Le souk

Des dizaines d'épices de nous inconnues puis la myrthe, l'encens...

On circule en djam-djam, mobylette à trois roues à la décoration ultra kitch

En chemin vers la maison Rimbaud.
Ça n'a pas dû changer beaucoup depuis son époque. Rien ne trahit ici la modernité.
Nous arrivons enfin au cœur de mon intérêt pour Harar : Arthur Rimbaud, après avoir accompli tout ce qui était possible en matière de poésie, se lance dans un périple de voyageur, commerçant et explorateur qui le conduira notamment à séjourner trois fois à Harar entre 1880 et 1891, cherchant certainement du "nouveau" et de "l'inconnu".

Saisie d'une curiosité pour le personnage après une passion pour ses poèmes, je tente de revivre ses impressions à travers un parcours dans la ville. On se sent loin de Charleville. C'est un mélange d'Afrique et d'Arabie qui cumule et déjoue à la fois les clichés. Où sommes-nous ? C'est la surprise qui prend le dessus, le manque absolu de repères nous prend aux yeux et nous met l'esprit dans un état d'ouverture absolu. Me voici dans mon état préféré.

Contrairement à Addis où on sent un état fort et volontaire à travers une police politique hyper-présente et des affichages de toutes sortes : contre le sida, pour l'égalité hommes/femmes, pour le grand barrage hydro-électrique, ici c'est la tradition qui gouverne, l'islam et l'indigence. Si Addis est ressentie comme une ville entrée dans la modernité, ici c'est autre chose, que l'on sent immuable.
J'ai l'honneur de vous montrer la maison de commerce où Rimbaud était employé. Aujourd'hui, c'est un hôtel.
Ses affaires ne connaîtront pas un grand succès malgré des expéditions ouvrant des routes nouvelles. Il écrit à sa mère qu'il s'y ennuie. Dans un existence sans occupation intellectuelle.

Voici la maison indienne qui lui est consacrée.
Il n'a pas pu y vivre car elle a été construite à une date postérieure à sa mort.

Vue sur la ville depuis le musée.

On ne trouve rien de nouveau ici. Quelques photos agrandies. Une bibliothèque intéressante toutefois.

Mariam, la femme avec qui il a vécu quelques mois.
Il écrivit à sa mère qu'il voulait trouver un travail et fonder une famille. S'intégrer dans une vie conventionnelle. Mariam a peut-être été une tentative de rentrer dans une certaine norme. Leur histoire ne durera que quelques mois.


Rimbaud et Verlaine

Rimbaud en bas à gauche au dîner des Vilains Bonhommes. Il n'occupera dans la société des poètes jamais plus que ce coin de table, provoquant et blessant, ivre mort le photographe Carjat.

Verlaine le surnomme "L'homme aux semelles de vent"



J'avais promis du nouveau : le directeur de la maison Rimbaud m'apprend que Rimbaud aurait eu un fils et certains chercheurs seraient en train d'enquêter sur d'éventuels descendants : peu vraisemblable mais tellement excitant !

Ce n'est pas parce qu'on porte jupe et foulard qu'on ne joue pas au basket.


Harar aime les couleurs vives.


et les vieilles Peugeot alors qu'à Addis, on roule plutôt en Lada hors d'âge




Une église catholique au milieu de la ville

Le café d'Harar est considéré comme le meilleur du monde.







samedi 17 mars 2012

L'Est de l'Ethiopie : Awash, Dire Dawa, Harar

Nous profitons des vacances de février pour continuer notre exploration du pays en compagnie de nos amis venus de l'Yonne avec leurs deux garçons. Leur regard neuf et enthousiaste va décupler nos sensations.

Nous allons en voiture jusqu'à Awash, puis visitons la ville de Dire Dawa et enfin, nous verrons Harar (Harer sur la carte), sur les traces, encore une fois, d'Arthur Rimbaud. 

Harar, ville inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, où nous apprendrons, au bout de l'inconnu,  quelque chose à propos du poète....




AWASH : étape n° 1

 Sur la route d'Awash, ville dotée d'un grand parc national, 200 km à l'est d'Addis,
 on voit des chargements peu ordinaires. Nous sommes déjà ailleurs.

Le parc d'Awash présente des chutes magnifiques,
des berges laiteuses,

au bord desquelles a été installé un lodge écologique, se fondant dans le paysage


Nous commençons notre chasse photographique. Très vite, nous croisons des gazelles.



La chaleur inciterait à la baignade
mais la présence de nombreux crocodiles nous en dissuade



Les plus belles bêtes de la savane sont pour moi ces oryx.



Et les dik-dik sont les plus jolies.
Cet animal a des oreilles de lapin, des yeux de biche et des reflets bleus au soleil.




Les babouins pullulent en Ethiopie. On a vite fait de repérer
le chef par la taille et  le regard qu'il nous lance.
Un babouin a réussi à s'introduire dans la chambre de nos amis et à voler,
preuve d'un bon goût évident, un délicieux pain d'épice venu de Bourgogne.

Pareil à son cousin le porc, le phacochère aime se rouler dans la fange.

le meilleur ami de l'homme en pays afar

Après 20 km de piste, nous arrivons aux sources chaudes dAwash
L'eau est à 40 °: les quatre garçons faisant preuve de courage, réussissent à s'y baigner.

De jeunes adolescentes y font la lessive.
Rencontre silencieuse, curiosité des deux côtés. Magie.
Regards. Ce moment a été le plus étrange et beau du voyage.

Du monde est venu de la savane  pour nous observer. Cohabitation amicale, sereine mais armée.

En effet, le berger Afar ne se sépare jamais de sa kalach. Notre guide non plus.

Le soir, nous décidons d'aller voir les hyènes. Ces dames sortent de leur grotte à 18h45 et au prix de quelques km de pistes, à condition d'être ponctuels, on peut assister à leur sortie.

Voici la grotte profonde où se terre la horde pendant la journée

Nous nous installons en surplomb pour assister à la sortie et l'attente silencieuse commence.
Enfin, elles sortent une à une, riant comme on se l'imagine. Troublants, ces cris d'enfant donnent le frisson.
 De même ces animaux asymétriques, le dos en pente et courant comme si elles se sentaient coupables n'inspirent que peu de sympathie.