dimanche 30 octobre 2011

Vacances de Toussaint au Lac Tana



Jeudi 20 octobre 2011, nous quittons Addis à bord de la Land Rover, direction Bahir Dar via Debre Markos. La route est longue, mais correcte, du point de vue de l'asphalte. En revanche, elle est encombrée de vaches, d'ânes, de poules, de marcheurs, et cela, tout au long des 650 km que nous accomplirons, les yeux tendus vers d'éventuels enfants, animaux ou crevasses dans la route qui mettraient en péril des vies précieuses. 


Nous traversons le long de cette seule route vers le Nord, des dizaines de villages, composés de maisons en torchis, nous voyons d'ailleurs de nombreuses maisons en construction, à tous les stades de finition, ce qui nous permet de comprendre comment l'on fait son logis : une structure en branches de bois irrégulières mais qu'importe..., le remplissage à la main avec de la paille mêlée à de la boue, puis un crépi plus propre, si l'on veut, en terre, lissé à la main, ce qui lui donne au soleil une merveilleuse finition, douce et humaine. Les fenêtres sont creusées et fermées avec des volets en tôle, tout comme le toit. Devant ces maisons, des plantes décoratives, des jardinets, des bas-côtés proprets, nettoyés par les chèvres, moutons, vaches, chevaux et ânes qui semblent vivre sur et par les bords de route.






De ces villages se dégage une impression angélique de calme, de simplicité et de bonheur.  On croise des enfants à n'en plus finir, il en sort de partout. La plupart sont habillés aux couleurs de leur école et portent leurs livres scolaires serrés par une méchante ficelle. Les habits sont usés mais assortis et tout ce petit monde aux mêmes couleurs donne un sentiment d'organisation, de sérieux. Un enfant me montre sur la couverture de son livre de sciences : Einstein, on se comprend. D'autres enfants ne vont pas à l'école, ils travaillent déjà comme petits bergers et bergères. Chacun deux ou trois bêtes : une vache, un cheval et deux chèvres, qui paissent. Quand nous passons en voiture, ils crient sans exception : "Farang" ce qui signifie "étranger", et si on s'arrête, ils demandent "money " au cas où...
Descente sur le Nil, majestueuse vallée profonde pour un petit filet de Nil bleu finalement. Puis remontée pénible pour la Land Rover.
Nous arrivons à Debre Markos. Petite ville au milieu de nulle part mais grand centre urbain pour ces nombreux villages. Pas de beauté mais un petit charme par son côté vivant. Le petit futé, seul guide francophone sur l'Ethiopie recommande le Paradise Hotel. Nous visitons une chambre, accablés par la fatigue, déçus et en même temps amusés par ce taudis vanté par le guide. Mais nous trouverons mieux avec le FM Hotel, prétentieux mais assez propre. Coupures de courant et d'eau habituelles mais assez bon restaurant.



Et ça repart le lendemain. Mêmes scènes pastorales, araires à bœufs, petits bergers sifflant dans des roseaux, hommes droits  jambes nues, buste entouré par une étole, bâton de berger sur les épaules tenu par leurs deux mains appuyées de chaque côté de la tête. Et les femmes, pliées en deux, qui portent des fardeaux écrasants de bois ramassé en forêt.


Nous arrivons enfin à notre destination : Bahir Dar, villégiature, cité lacustre élégamment allongée au bord du lac Tana. De beaux hôtels, des logdes accueillants, des allées d'arbres, un air de ville et de vacances. Il fait plus chaud qu'à Addis. Nous cherchons pendant une heure l'hôtel Tana qui n'est pas indiqué. Nous le trouvons finalement, nous ne saurons jamais pourquoi il est si discret. Hôtel d'état, il a un vieux charme des années soixante-dix, la décoration a vieilli, de même que les équipements, le personnel est tout juste aimable mais la terrasse ombragée au bord du lac est magique.

Nous avons un guide, Daniel, jeune homme cultivé, anglophone, gentil, prévenant et attaché à nous fabriquer de beaux souvenirs.

Nous partons pour les monastères en bateau. Ceux-ci ont été construits sur des îles du lac, loin de tout.  Cette solitude invite d'emblée à la méditation. Certains monastères sont interdits aux femmes.


Il faut trois heures de croisière pour parvenir au plus fascinant : soixante hommes en prière, une vie réduite au plus simple argument : prier, manger, dormir, et  recevoir ces rares et étranges visiteurs pour leur expliquer patiemment la vie monastique et recevoir d'eux quelques sous pour subsister. 





Les peintures murales du XVIIe siècle laissent sans souffle. Je ne comprends pas pourquoi les personnages ont comme des bourrelets au cou. Je pose la question à mes amis historiens de l'art qui se reconnaîtront.



Sur le lac, nous avons croisé des pêcheurs en barque de papyrus, cherchant bois et poissons.





Le lendemain, nous allons voir les chutes du Nil. Après une balade d'une heure sous le soleil, nous traversons un vieux pont construit par les Portugais au XVIIe siècle, et enfin accédons à ce spectacle somptueux des chutes. Nous allons au plus près recevoir quelques embruns. Silence et contemplation. 





Des enfants eux, se lavent, se baignent, s'amusent dans ce fleuve, sans se complaire dans  des mythes comme nous.





















Puis, à l’embouchure du Nil, nous apercevons des hippopotames. 
Au retour, nous dormons à l'Hôtel Tilik de Debre Markos, très soigné mais dont  le restaurant n'est pas terrible. La règle du voyageur au restaurant est la suivante : pas de crudités, pas de glaçons, pas de glace, pas d'œufs mal cuits, des plats simples sans laitage. Frites, beefsteaks, riz, sont en principe sans danger.